"Pourquoi le foot wallon ne va pas bien" - La Meuse 12 juillet 2022

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JoeDalton
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Re: "Pourquoi le foot wallon ne va pas bien" - La Meuse 12 juillet 2022

Message par JoeDalton » 14 juil. 2022, 08:23

« Le football wallon, c’est le football des maquettes »

Le sud du pays est en panne d’infrastructures. Des projets existent mais rares sont ceux qui aboutissent.

Pierre François, l’ancien CEO de la Pro League, résume sans doute le mieux le problème des infrastructures dans le monde du ballon rond : « Le football wallon, c’est le football des maquettes. Si je prends le plan sportif, le RFC Liège était meilleur que Dender dans le tour final pour l’accession à la D1B mais ce dernier a déjà un stade et pas une maquette. En Wallonie, nous sommes en panne d’infrastructure. C’est sans doute là que les pouvoirs publics peuvent intervenir. »

On évoque ici le championnat de Nationale 1 où visiblement, la situation n’est pas la même dans le nord du pays. « Nous sommes allés par exemple à Knokke ou Mandel qui possèdent des infrastructures toutes neuves. Mais avec quel argent ? » s’interroge Jean-Paul Lacomble, le président du RFC Liégeois. « La commune de Knokke a payé une nouvelle infrastructure clé sur porte et le club en dispose pour un loyer symbolique. Quand on voit cela, on se dit parfois qu’il y a un monde de différence même si ce n’est pas le cas partout. Dessel n’a ainsi pas demandé la licence D1B car il ne pouvait pas recevoir la même aide publique pour construire une tribune. »

Il y a donc des coins du pays où il existe un soutien des pouvoirs publics pour les infrastructures et d’autres où les clubs doivent investir sur fonds propres. Notamment dans le sud du pays.

« Nos U23 vont évoluer à l’Olympic qui est le seul stade conforme dans la région pour la Nationale 1 mais il ne l’est plus pour la D1B » dit Pierre-Yves Hendrickx, le directeur administratif de Charleroi. « L’infrastructure est vieille. C’est un stade des années quarante avec de vieux vestiaires, de vieilles tribunes. On va prendre en charge la réfection de la pelouse. On verra s’il y a de l’enthousiasme. À l’Olympic, il y a 100 ou 200 personnes présentes aux matchs. En aura-t-on plus avec les U23 ? On verra. Et on verra au fur et à mesure si on doit faire d’autres investissements. C’est un accord avec la Ville à qui appartient le stade. Mais si vous allez dans d’autres petits clubs du même niveau comme Dender ou Deinze, c’est flamboyant, neuf, plein d’enthousiasme. Là aussi nous sommes en retard. Accepte-t-on plus facilement de l’aide pour l’élite dans le nord du pays qu’en Wallonie où c’est le sport pour tous ? Il y a des synthétiques qui commencent à fleurir dans la région mais c’est pour Gosselies, Jumet… Mais si
le Sporting veut avancer, il doit le faire lui-même. »

Cela n’empêche pas l’existence de projets dans le football wallon. Notamment pour la construction de nouvelles enceintes. Beaucoup y ont songé (le Standard notamment) ou y songent encore (Charleroi a demandé son permis de bâtir, le RFC Liège et la RAAL l’ont dans les cartons par exemple). Mais le passage à l’acte s’avère plus compliqué.

« En Belgique, c’est la misère sur le plan des stades » admet Salvatore Curaba. « Peut-être que pour certains, les permis sont difficiles à obtenir. Or, cela me paraît évident qu’il convient d’avoir des conditions de travail idéales. Si je prends mon projet de stade à 16 ou 17 millions. Cela va nous coûter 5 à 600.000 euros par an. Cela représente peut-être le salaire de quatre joueurs. Mais ne vaut-il pas mieux posséder un stade qui offre des perspectives plutôt que quatre joueurs en plus ? Je sais qu’aborder le sujet des subsides est délicat mais je trouve que c’est dans le domaine des infrastructures qu’on devrait être aidé par les pouvoirs publics. Je trouve normal d’avoir reçu un coup de pouce pour construire notre centre de formation en D2 amateur. Mais si un club engendre plein de bénéfices, doit-il être soutenu ? C’est très délicat. Nous, nous sommes en amateur et c’est en construisant un stade qu’on va pouvoir devenir professionnel. »

« Les banques ne jouent pas leur rôle »

À Liège, le président Jean-Paul Lacomble possède l’emplacement, l’accord pour un bail emphytéotique de 99 ans avec la ville de Liège mais retarde son projet stade en raison d’un allégement des critères pour la licence de D1B. Désormais, il ne faut plus qu’un stade de 4.000 places – il y en aura 4.377 exactement – dont 1.250 assises alors que l’éclairage doit passer de 300 à 800 lux. « Moyennant 500.000 euros sur fonds propres, on fait passer notre petit stade aux normes de la D1B dès cet été. Si nous étions montés en D1B cette année, cela aurait été plus facile à assumer grâce aux droits TV et au budget d’inscription des U23 qui auraient généré, en gros, un million de recettes que nous n’avons pas en Nationale 1. En tout, notre infrastructure aura donc coûté 3,5 millions dont 2 sur fonds propres. Maintenant, dans l’ordre, on va d’abord mettre sur pied une équipe capable de monter en D1B avant de construire une nouvelle enceinte conforme pour la D1A avec 8.000 places. Pour cela, on compte un budget de 15 millions sans tenir compte de l’augmentation actuelle des prix. Pour le financer, on espère un partenariat public-privé. On souhaite bâtir notre projet en demandant aux pouvoirs publics non pas de le payer mais d’aider des privés et un club à prendre en main leur sort pour faire eux-mêmes les investissements. »

Parce que quand on évoque de tels projets, les clubs doivent se tourner vers les banques. Et là, c’est le blocage. « Les clubs de foot sont blacklistés auprès des banques en raison du footbelgate, des faillites dans le milieu. Donc elles ne prêtent pas même pour une infrastructure. Et si elles le font, c’est sur 20 ans. Or rembourser sur 20 ans une infrastructure qui se trouve dans le cadre d’un bail emphytéotique de 99 ans oblige à concentrer le remboursement sur les premières années et empêche un étalement un peu plus raisonnable. C’est là que les pouvoirs publics peuvent aider les privés à obtenir des crédits et à échelonner de façon raisonnable les remboursements. Qu’on ne prête pas de l’argent à un club de foot pour payer des mercenaires professionnels, je le comprends. Mais payer une infrastructure est différent. »

« Les banques ne jouent pas leur rôle et cela me choque » enchaîne Salvatore Curaba. « Elles sont très exigeantes, elles ont peur. Peut-être que les communes ou la Région wallonne doivent donner des garanties ou obliger les banques à réserver un certain budget pour faire des crédits pour les infrastructures sportives. »

Mais serait-ce suffisant ? « Une banque dit si vous avez une garantie de la Région wallonne ou de la ville, on vous finance tout de suite. Mais ces derniers vous répondent que s’ils font un pas vers nous, ils devront donner aussi aux autres clubs… » assure ce témoin présent dans un dossier d’un stade en Belgique.


La Meuse 14/7/2022
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Re: "Pourquoi le foot wallon ne va pas bien" - La Meuse 12 juillet 2022

Message par Luxembourgeois » 14 juil. 2022, 10:49

Pas très rassurant tout ça...

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JoeDalton
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Re: "Pourquoi le foot wallon ne va pas bien" - La Meuse 12 juillet 2022

Message par JoeDalton » 14 juil. 2022, 11:26

On a au moins un point complet sur le dossier, c'est assez intéressant.
On serait donc à la recherche d'une garantie publique pour un prêt immobilier, et on a une idée des sommes en jeu.
On apprend aussi que la Direction a déjà investi 2 millions € dans les infrastructures, ce qui me semble quand même considérable puisqu'on parle d'un budget total de 15 millions pour un stade définitif dont l'essentiel du financement serait basé sur un emprunt/remboursement ; nous disposons donc des bases nécessaires pour le projet, à moins d'envisager le fantasme total consistant en un investisseur privé qui construit un stade clés en mains.
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