Sergio on tour a dû ruser pour voir Liège à Rupel - L’avenir du 27/08/2020

[CEW 66]

Publié aujourd'hui à 19:23 par Anthony RIZZI

Serge Mertens, supporter légendaire du RFC Liège qui habite à Rupel, a dû faire preuve de malice pour voir ses couleurs. Une histoire dingue.

C’est une histoire dont seul le football belge peut se targuer. Sans s’en vanter. Et où, sans avoir l’air d’y toucher, le politique se mêle au foot avec des relents communautaristes dont on se passerait bien.

Dimanche 27 septembre, stade du Parc communal de Boom. Rupel Boom reçoit le RFC Liège dans le cadre de la 1re journée de Nationale 1. Avec une très mauvaise nouvelle tombée pendant la semaine: les fans sang et marine, au contraire des Anversois, ne sont pas les bienvenus là-bas. «Quand j’ai appris ça, j’ai été révolté, peste Serge Mertens dans un français impeccable. Pour moi, il était hors de question de rater ça. J’ai donc décidé de trouver une astuce pour rentrer malgré tout. »

L’histoire de Serge Mertens est peu banale. À 43 ans, il est, on l’aura compris, supporter du RFC Liège depuis sa plus tendre enfance. Une passion héritée de son papa, Freddy, aujourd’hui disparu, qui fut même, en son temps, administrateur des Sang et Marine. Rien d’extraordinaire vous nous direz jusque-là sauf que Serge habite à Schelle, un petit village situé à… 2 km de Boom où son fils de 15 ans a longtemps joué avant de migrer au Beerschot. « Je suis un fan inconditionnel de Liège depuis toujours, avance celui qu’on nomme, parmi les supporters sang et marine, Sergio on tour. Pour venir voir les matchs à domicile de Liège, je mange tous les 15 jours les 125 km qui sépare mon domicile du stade de Rocourt sans souci. En 25 ans, je n’ai raté que 4 matchs de Liège. Je dois être celui qui a raté le moins de rencontres de tous les fans sang et marine. Je suis mon club de cœur partout comme mon père le faisait à travers l’Europe jadis. Ma maison est d’ailleurs décorée totalement aux couleurs de Liège. Ma plaque de voiture est une plaque personnalisée frappée «001 FCL». Je voulais la «004 FCL» mais elle était déjà prise par un autre supporter de Liège. Oui, Liège, c’est ma vie…»

Obligé de rentrer

Du coup, Serge Mertens a rusé cet après-midi sur le coup de 15h pour rentrer au stade communal de Boom qu’il voit presque de son jardin. Voiture garée à un km, entrée à 14h58 en catimini, gsm transmis à son fils pour être sûr de ne pas être confondu, écharpe de… Rupel Boom au cou. «J’ai beaucoup d’amis qui supportent ce club, poursuit celui qui est encore B2 en tennis de table et évolue en Nationale 1 après avoir affronté Jean-Michel Saive 17 fois. On s’est donné rendez-vous dans un café une heure avant le coup d’envoi. Et ils m’ont donné l’écharpe de Rupel que j’ai mise. Cela fait mal mais c’est la seule solution. Pendant la semaine, pour mettre toutes les chances de mon côté, j’ai acheté un abonnement de Rupel. 120€ pour aller voir Liège, cela vaut la peine. Pas de souci pour moi. Cela m’a permis de rentrer sans souci. Mais je me méfiais Car le commissaire local ne m’avait pas à la bonne. Il me connaissait et savait mes accointances avec Liège. Je risquais donc une amende de 250€ comme tout supporter de Liège qui voulait rentrer. J’étais prêt à prendre le risque. J’avais aussi entendu dire que la police locale n’hésiterait pas à arrêter les supporters de Liège. Je suis écœuré parce que c’est clairement une décision politique. On fait passer ça comme une décision Corona mais on sait que ce n’est pas le cas. C’est dingue ce qui se passe dans ce pays alors que les autres saisons, les supporters de Liège n’ont jamais posé souci mais voilà… »

Happy-end finalement puisque Sergio a bien pu rentrer au stade et assister au match nul 0-0 de ses protégés. «Je suis soulagé» disait-il après la rencontre en prenant la fuite. «Je file parce que la police arrive et je n’ai pas envie d’avoir des ennuis. » Le foot l’a finalement emporté. Ouf…