Adjoint de Gaëtan Englebert au RFC Liège, Eric Deflandre évoque les deux clubs liégeois chers à son cœur et préface le choc dominical entre le Standard et le FC Bruges. Sans le moindre artifice…
Heureux ! Éric Deflandre est un homme heureux. Heureux de servir, en qualité d’adjoint de Gaëtan Englebert, les intérêts d’un club, le RFC Liège, qui l’a vu grandir et où il a mis en 2012, il y a un peu plus de dix ans, un terme à sa magnifique carrière de footballeur. Heureux aussi de pouvoir continuer à vivre au quotidien sa passion, même si c’est loin de la lumière des projecteurs qui avait illuminé sa reconversion au Standard, ce qui n’est pas nécessairement pour lui déplaire. Pur Liégeois, comme il se définit lui-même, et fier de l’être, celui qui était encore, il y a un an, l’adjoint de Mbaye Leye à Sclessin préface le choc dominical entre le Standard et le FC Bruges, deux clubs qui ont jalonné son parcours.
Éric Deflandre, qu’est ce que cela fait de se retrouver en division 1 amateurs lorsqu’on a été, durant sept ans, entraîneur adjoint au sein du staff professionnel du Standard ?
Et bien, cela ne fait rien du tout. Lorsqu’on est un passionné de football, comme c’est mon cas, on pratique son métier avec énormément de plaisir, quel que soit le niveau où on le fait. Mais je mentirais en affirmant que les stades de division 1 ne manquent pas à l’ancien joueur professionnel que j’ai été. Ce qui tombe bien : si je suis revenu au RFC Liège, c’est parce que j’ai envie de l’aider à retrouver le haut niveau et lui donner l’occasion de revisiter les stades de la Challenger Pro League dans un premier temps, puis ceux de l’élite ensuite.
Qu’est-ce qui a changé dans votre vie au quotidien ?
Il y a peut-être un peu moins de stress, même si je ne suis pas quelqu’un de stressé par nature. Disons qu’on passe moins d’heures au club. Pas qu’on travaille moins, mais différemment. Il arrivait, au Standard, qu’on franchisse la grille d’entrée à 8h15 pour la passer dans l’autre sens à 18 ou 19 heures. Ici, le travail d’avant et après entraînement se fait essentiellement à la maison.
Passer de T2 au Standard à T2 au RFC Liège, est-ce un grand pas en arrière ?
Non, pas du tout. Les gens peuvent le penser. Beaucoup m’ont dit, lorsque j’ai signé en faveur du matricule 4, qu’après être redescendu à ce niveau, ce serait difficile pour moi de revenir tout en haut. Peut-être. Si j’ai accepté de descendre de deux marches, c’est parce que c’était Liège. Si un autre club de la série était venu sonner à ma porte, j’aurai probablement attendu, en espérant recevoir une autre proposition d’un club de l’élite. Je ne dénigrerai jamais le Standard qui a lancé mon après-carrière, mais je n’oublie pas le RFC Liège a lancé ma carrière tout court, alors que c’est là aussi que je l’ai refermée. Les deux clubs liégeois sont importants à mes yeux et à mon cœur, mais à la base, le RFCL a toujours été ma priorité. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, je me bats pour lui, avec l’unique ambition de monter.
Vous avez signé au RFC Liège un contrat de trois ans. Cela ne risque pas de vous bloquer en cas d’offre d’un club de D1A ?
Lorsqu’on a affronté Louvain en match amical d’avant-saison, Marc Brys est venu me trouver pour me dire qu’il ne savait pas que j’étais revenu à Liège et que si je me retrouvais un jour sans travail, je ne devais pas hésiter à l’appeler et il me ferait une place dans son staff. C’est valorisant, mais j’ai l’impression que tout va bien passer avec Liège.
Qu’avez-vous eu comme propositions depuis votre départ du Standard ?
Pas grand-chose à vrai dire. J’ai eu la possibilité d’accompagner Marc Wilmots au Raja Casablanca, mais je lui avais expliqué que ce n’était pas le bon moment, parce que j’avais mon fils à la maison, et qu’il fallait attendre le mois de juin. Sauf qu’en juin, Marc n’était déjà plus là… J’aurais pu aussi aller rejoindre Ivan Vukomanovic en Inde, mais je n’avais aucune envie de partir aussi loin. Et puis, j’ai eu une proposition de Mario Franchi, l’ancien président de Seraing, pour intégrer le staff de José Jeunechamps, qui me voulait déjà comme adjoint lorsqu’il entraînait Mouscron. Mais cela ne s’est pas fait parce que l’actionnaire messin n’a pas apprécié que Mario Franchi prenne les devants sans en référer à lui.
Sans quoi vous seriez toujours actif au plus haut niveau…
Pas du tout, parce que j’aurais de toute façon décliné l’offre de Seraing. Dans ma tête, il était clair que j’allais poursuivre l’aventure avec le RFC Liège, que je m’y plaisais bien et que j’avais donné ma parole à Jean-Paul Lacomble. Au soir de la défaite à Knokke, fatale pour la montée, le président m’avait dit qu’il était content de moi et qu’il allait rapidement revenir vers moi avec une proposition de contrat. Je ne me voyais pas revenir en arrière, par respect pour Jean-Paul Lacomble mais aussi pour Gaëtan Englebert, avec qui je prends énormément de plaisir à bosser.
Le Standard et Seraing naviguent sous pavillon étranger, au contraire du RFC Liège. Cela signifie-t-il que, des trois, le matricule 4 reste le seul club vraiment liégeois ?
Clairement oui. Liège est dirigé par de purs liégeois, des supporters du club, et a conservé son identité. Les fans du RFCL peuvent se féliciter d’avoir à leur tête des gens qui font tout pour remettre le matricule 4 plus haut dans la hiérarchie, ce qui n’est pas facile parce que c’est prendre le risque de se mettre dans le rouge et ne pas avoir de solutions financières pour vivre à un niveau plus élevé. Et Jean-Paul Lacomble n’est pas le seul à le faire. Des gars comme Gaëtan Englebert et Pierre Drouguet, qui font partie du projet depuis longtemps, méritent un grand coup de chapeau.
Votre départ du Standard, dans la foulée de celui de Mbaye Leye et Patrick Asselman, au début du mois d’octobre 2021, est-il complètement digéré ?
Honnêtement oui. Au début, forcément, on est toujours un peu déçu parce qu’on se demande ce qu’on a fait de mal et où on va rebondir. Combien de temps vais-je rester sur le côté ? Combien de fois ne me suis-je pas posé cette question ? Tout le monde me disait : « Un gars comme toi va vite trouver une solution ». Ce n’est pas aussi simple que ça. Après mon licenciement, Bruno Venanzi m’avait demandé de patienter un peu, promettant de revenir vers moi pour me proposer un autre poste au Standard. Mais je n’ai plus eu la moindre nouvelle. Cela étant, que m’aurait-il proposé ? Un rôle dans le staff des Espoirs ? Au final, à choisir, je préfère ce que le RFC Liège m’a offert.
Je vous passe la suite, qui concerne exclusivement sclessin
