D1B | Coach des U21 et analyste vidéo, Fabrice Cristallini vit au rythme des Sang et Marine depuis 17 ans : « Je suis tombé amoureux du RFC Liège »
Entraîneur des U21 et analyste vidéo aux côtés de Gaëtan Englebert et Eric Deflandre, Fabrice Cristallini, présent depuis 17 ans au RFC Liège, fait partie de ces hommes de l’ombre ô combien importants dans la renaissance du Matricule 4.
ENTRETIENFabrice Cristallini avec Gaëtan Englebert et Eric Deflandre.
Fabrice Cristallini avec Gaëtan Englebert et Eric Deflandre. - Belga
Par Maxime Debra
Responsable rédaction sportive La Meuse
Publié le 04/04/2024 à 20:00
Aujourd’hui de retour dans le monde pro, le RFC Liège revient de loin, de très loin… Entre faillites et sauvetages, ce club mythique du football belge doit sa survie à des hommes et des femmes qui n’ont pas hésité à prendre leurs responsabilités et à s’engager pour le Matricule 4.
Dans l’histoire moderne du club, on pense bien évidemment à Jean-Paul Lacomble et aux administrateurs qui ont sauvé le club en 2011. Mais aussi à Gaëtan Englebert, enfant du club, qui n’a pas hésité à revenir à Rocourt après une brillante carrière de joueur.
LIRE AUSSI
Benoît Bruggeman était étincelant face à Beveren.
D1B | Benoit Bruggeman revient sur la victoire de Liège sur Beveren : « C’était mon meilleur match de la saison »
Mais derrière ces noms prestigieux, il y a des bénévoles, des supporters, des entraîneurs qui, à leur échelle, ont contribué à la pérennité de l’institution avec une fidélité et un dévouement parfois incompréhensible pour les non-initiés.
Et s’il est difficile de mettre tout le monde en lumière, certains méritent d’être pointé du doigt pour leur parcours exemplaire sous les couleurs Sang et Marine. C’est le cas de Fabrice Cristallini.
Depuis 17 ans, l’actuel coach des U21 et analyste vidéo dans le staff de Gaëtan Englebert, a déjà tout connu avec le RFCL. De la misère à la gloire, il est resté fidèle et a travaillé dur pour aujourd’hui être l’un des maillons de la réussite sportive du club.
« Au départ, je ne suis pas un supporter de Liège. Par contre, ma belle-famille est Sang et Marine jusqu’au bout des ongles. Le grand-père de ma femme était un mordu du club et un ami de la famille de Luc Ernes. On habitait Xhendremael, qui est un fief de supporters, et c’est lorsqu’on a inscrit Thomas, mon aîné, au foot que je suis arrivé à Liège fin 2007. » Dans une situation compliquée., « catastrophique… Mais Liège reste quoi qu’il arrive un club historique et de prestige. On était fier que le gamin commence ici. »
S’il est arrivé comme simple parent de joueur, Fabrice est rapidement devenu un entraîneur de dépannage comme il aime le dire. « On m’a demandé de prendre en charge les U6, les U7 et puis les U8. Je n’avais à l’époque aucun rapport au coaching mais, c’était quelque chose qui m’a toujours attiré. Lorsque j’étais joueur, j’étais souvent le capitaine et j’aimais être proche du coach pour parler foot. J’aimais analyser le jeu, celui de mon adversaire. Coacher était quelque chose que je voulais faire. »
Des vidéos sur YouTube
« Au départ, on m’avait confié ceux qui n’avaient jamais joué au football. J’avais une dizaine de gamins à qui je donnais des exercices de psychomotricité. Je n’avais aucune formation et pour m’aider, je regardais des vidéos sur YouTube. » Une époque qui a bien changé puisqu’aujourd’hui Fabrice est titulaire d’un diplôme UEFA A. « Je pense également à la licence pro. C’est peut-être un objectif à moyen terme avec le retour en pro du club. »
En difficulté financière à l’époque, il n’était pas simple pour Liège de recruter des formateurs. « On était une poignée d’entraîneur. Je me rappelle avoir pris l’équipe de mon fils qui jouait le samedi et j’avais également en charge les scolaires provinciaux qui, eux, jouaient le dimanche. Je cumulais durant la semaine les entraînements de 18h à 19h et ensuite de 19h30 à 21h. » Et les jours de match, ce n’était pas toujours simple. « On jouait au Vélodrome d’Alleur et on ne savait jamais si les barrières seraient ouvertes ou fermées. Je me suis déjà retrouvé porte close car le club n’avait pas honoré ses paiements. On a dû retourner en vitesse jouer à Loncin, sur un terrain catastrophique. On m’a souvent demandé pourquoi je persistais à Liège malgré des appels du pied de Seraing ou même du Standard. Mais, je pense que je suis tombé amoureux du club. Je me rappelle de matches à la plaine d’Ans avec le grand-père où j’ai été émerveillé par les fans qui suivaient, sans faille, Liège depuis des décennies. Et puis je m’étais engagé auprès des jeunes du club, ils avaient confiance en moi. »
Une connexion avec Gaëtan Englebert
Fabrice Cristallini était déjà présent avant la reprise du club par Jean-Paul Lacomble et l’arrivée de Gaëtan Englebert dans la structure. Aujourd’hui, il est toujours présent à l’heure où le club ouvre un nouveau chapitre de son histoire avec la reprise américaine.
L’arrivée de ces deux hommes a changé la donne pour lui. « J’ai été reçu par Jean-Paul Lacomble et les administrateurs. Ils ont été très honnêtes avec moi et ils ont tout de suite exprimé l’envie de me conserver. Bien que l’argent n’était pas un moteur, toutes les dettes ont été honorées. J’ai une belle carrière professionnelle chez Ethias et le foot relève de la passion. »
Sur le plan sportif, l’arrivée de Gaëtan Englebert a été un boost pour Fabrice. « Il y a eu une connexion entre nous. On s’est très vite bien entendu. On a sympathisé puis on est devenu assez proche. Il a vite compris que je n’étais pas là pour planter des couteaux dans le dos, je ne suis pas un carriériste. Et, comme lui, je veux développer le club. Il aurait pu trouver ce qu’il voulait dans les plus grands centres de formation du pays mais il a préféré tracer les lignes du terrain au Longchamps, faire la lessive ou repeindre les vestiaires. J’ai des souvenirs mémorables avec lui comme lorsqu’on déneigeait les terrains jusqu’à 3-4 heures du matin. »
Depuis une décennie, Fabrice Cristallini a souvent dirigé les plus belles générations de l’école des jeunes. Il a aussi coaché l’équipe P4, P3 et puis P2 lorsque Liège s’était lancé dans cette aventure. Il a aussi été champion, la première saison, avec l’équipe réserve de Nationale 1. « Des offres, j’en ai eu. Certaines m’ont fait réfléchir mais du moment ou un gars comme Gaëtan Englebert, avec sa carrière, te dit que tu réalises du bon boulot, qu’on te confie des responsabilités dans une institution comme Liège, que je suis respecté et que la direction m’apprécie… Que veux-tu obtenir de plus ? »
Et l’arrivée des investisseurs américains constitue pour lui un nouveau challenge. « On veut tous voir ce qu’il se cache derrière. Après tous les efforts, on ne va pas laisser la place à quelqu’un d’autre. Où le club est-il capable d’aller désormais ? C’est la grande question. Liège possède un potentiel énorme, surtout au niveau de ses jeunes. On a un truc en plus que les autres, une aura. L’école des jeunes doit maintenant travailler pour sortir des joueurs capables d’évoluer en D1A ou en D1B. Pour cela, il y a du travail et avant tout, tout le monde doit prendre conscience qu’il est important de tirer dans le même sens. Il faut être heureux quand l’équipe première gagne, quand l’école des jeunes performe ou lorsqu’un joueur nous quitte pour un meilleur club. Ce n’est pas encore le cas pour l’instant et une transformation doit s’opérer. »
Quel futur ?
Si les grandes lignes pour la saison prochaine se dessinent tout doucement, la formation des jeunes sera au cœur du projet. « Je ne dis pas que mon avenir est lié à celui de Gaëtan mais il reste un socle pour moi à Liège. Je me sens en sécurité à ses côtés. J’aime le rôle de maillon que j’ai entre l’école des jeunes et l’équipe première. Sans prétention aucune, je peux être un élément de la transformation, de la professionnalisation du RFC Liège. Je pense qu’il y a quelque chose d’énorme à faire dans ce club et c’est aussi pour cela que je ne me vois pas ailleurs. Avec d’autres, on espère laisser une trace et lorsque tu y parviens, dans un club comme Liège, c’est magnifique », confie Fabrice Cristallini qui fêtera ses 50 ans au mois de mai prochain.
« Avec l’analyse vidéo, je vis le match dans une bulle »
Par M.D.
Fabrice Cristallini sur le banc avec son ordinateur.
Depuis deux saisons, Fabrice Cristallini fait partie intégrante du staff de Gaëtan Englebert. Chargé du scouting et déjà en partie de l’analyse vidéo la saison dernière, il réalise désormais cette même analyse vidéo mais en direct durant les rencontres du RFC Liège.
Si vous avez déjà regardé un match des Sang et Marine, au stade ou la télévision, vous avez déjà dû apercevoir Fabrice Cristallini assis sur le banc et concentré derrière son ordinateur portable. Bien loin de faire une partie, plus vrai que nature, de Football Manager, le coach est chargé du système Hudl.
Ce programme fonctionne via une caméra 360 degrés placée au niveau du toit de l’espace Robert Waseige. Cette dernière retransmet le match en direct sur un PC, au niveau du banc touche. « Via un programme informatique, je suis chargé de sélectionner les moments importants du match. Via des raccourcis que je me suis créés sur mon portable, je réalise une vidéo de trois ou quatre minutes disponible dès la mi-temps. Lorsqu’on rentre au vestiaire, Gaëtan peut la visionner avant de faire son discours aux joueurs. Elle lui permet d’adapter sa tactique pour la seconde période. »
Il est difficile de s’en rendre compte, mais c’est un exercice extrêmement compliqué que réalise Fabrice Cristallini. « Il y a un décalage de 30 secondes par rapport au direct. C’est très spécial car je vis le match dans une bulle. En plus du résumé, je dois être capable de répondre aux demandes de Gaëtan durant la partie et de lui remontrer des images tout de suite. » Dans certaines autres formations de Challenger Pro League, cette tâche est réalisée par 3 ou 4 hommes dont plusieurs se trouvent dans les tribunes du stade.
Une fonction à laquelle le coach a pris goût. « Tu regardes le match différemment, c’est une corde en plus à mon arc. Lorsque tu coaches, tu as tendance à suivre le ballon et à vivre le match comme un joueur. Moi, je me surprends à regarder tout autre chose comme les lignes de course, la manière de défendre, les positions sur phases arrêtées… Je suis plus dans les détails. C’est une analyse plus scientifique du football et c’est hyperintéressant. »
Trouver la faille chez l’adversaire
Et surtout, cela peut faire la différence. « Il y a une espèce de jeu pour moi. Je veux trouver le petit truc qui va faire la différence pour nous, trouver la faille chez l’adversaire. »
Comme le match face à Lommel à la maison, en octobre dernier. « Je suis sorti du vestiaire content de moi ce jour-là. On était complètement dépassé en première période, Lommel jouait avec un numéro 6 qui se baladait au milieu du terrain. À la pause, je décide de ne rien montrer à Gaëtan si ce n’est 40 secondes. Il a tout de suite compris ce qu’il se passait et a recommencé la seconde période avec deux médians offensifs. On change le match et on l’emporte finalement 2-1. Je ne dis pas que c’est grâce à moi mais c’est l’exemple le plus frappant de la saison. »
Fabrice Cristallini - La Meuse - 4/4/24
Modérateurs : Francis2711, Thelone
-
- Donateur
- Messages : 3701
- Enregistré le : 14 sept. 2004, 21:49
Fabrice Cristallini - La Meuse - 4/4/24
« Les Liégeois ont été plus que tous les ans domptés, néanmoins, ils ont toujours relevé leurs crestes »
Michel de l’Hospital, 1558.
Michel de l’Hospital, 1558.
-
- Donateur
- Messages : 19697
- Enregistré le : 15 sept. 2004, 09:04
- Localisation : Liège
Re: Fabrice Cristallini - La Meuse - 4/4/24
Il est arrivé à 4 ans?

Sérieux, c'est une vraie richesse d'avoir des gars comme lui depuis aussi longtemps au club, merci Monsieur Cristallini


Qui est en ligne
Utilisateurs parcourant ce forum : CCBot (Crawler) et 0 invité