JoeDalton a écrit : ↑15 déc. 2023, 00:11
je ne comprends pas la difficulté qu'ont certains de mes camarades de gauche à qualifier les attaques du Hamas le 7 octobre comme un acte terroriste contre des civils totalement intolérable, et le Hamas comme un groupe islamique armé qui commet des actes terroristes.
Désolé de faire mon vieux con, mais sans justifier la violence politique à une époque la lutte armée c'était attaquer les institutions, l'armée, la police, le gouvernement, pas des femmes et des enfants
Je continue à avoir du mal avec cette insistante injonction de répondre à la question du terrorisme dans les actes du Hamas. Je m'étonne de la trouver dans un post de Joe car je la pensais confinée aux émissions de plateau des télés françaises en continu.
Les actes du 7 octobre sont horribles, odieux, à vomir, inhumains, insupportables, honteux... cela, je peux le dire sans problème, c'est ce que je ressens.
Je peux aussi dire que ce sont des crimes de guerre ET des crimes contre l'humanité... cela, je peux le dire car, selon les spécialistes de droit international que j'ai lus ou entendus, ce sont des évidences.
Si on me demandait si je considère ces actes comme terroristes, je ne pourrais pas répondre... parce que je ne sais pas ce que signifierait ma réponse.
En d'autres termes, les "journalistes" impatients qui posent cette question ne prennent jamais la peine de définir ce qu'on entend par terrorisme... comme si tout le monde savait très bien ce que ce terme signifie. Je pense que je pourrais sans problème y répondre si on me disait ce qu'elle signifie.
J'habite dans un pays (la Suisse) dont la diplomatie ne qualifie pas le Hamas comme une organisation terroriste, ce qui est le cas de la Norvège aussi, d'ailleurs. Comment, moi, un béotien total, je pourrais avoir une réponse assurée à une question qui, manifestement, divise les diplomaties occidentales ? Si je réponds oui, je prends les états suisse et norvégien pour des cons... si je réponds non, je prends la diplomatie européenne pour une benête.
Donc, parce que j'aimerais moi aussi donner ma réponse à cette question, je me suis demandé pourquoi on ne donne jamais la définition du terrorisme quand on fixe cette injonction. Le plus simple serait de penser que c'est parce que cette injonction vient de "journalistes" paresseux, qui ne se posent même pas la question. Une autre explication tient au fait qu'il n'y a pas qu'une façon de définir le terrorisme (de pays à pays, de région du monde à région du monde...) et qu'en fait, donner des critères - même simples - est bien plus complexe que ce qu'on pense. Une troisième possibilité est sans doute plausible aussi : le risque est qu'en énumérant de tels critères, il est vraisemblable qu'apparaisse comme une évidence que l'Etat d'Israël aussi pratique du terrorisme.
Toujours incapable de donner une réponse à moi à cette question, j'ai voulu lire ce qu'en disent des spécialistes de droit international. Selon eux, une chose semble claire : la qualification de terrorisme n'apporte rien au débat... non seulement, elle n'a pas de réalité au-delà des spécificités nationales, mais en plus elle n'apporte rien aux qualifications déjà existantes des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
Et, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai plus envie de suivre les spécialistes de droit international que les "journalistes" de plateau. Je constate également que je ne suis pas le seul à avoir choisi cette voie. L'AFP a été récemment accusée d'antisémitisme (

), parce qu'elle ne qualifiait pas le Hamas de terroriste. A tel point qu'elle a été obligée de publier un communiqué pour s'expliquer (
https://www.afp.com/fr/lagence/communiq ... terroriste). Dans tous les cas (et pas seulement en ce qui concerne le Hamas), elle ne qualifie jamais quiconque de terroriste. Elle se contente de dire, par exemple, que telle nation considère tel groupe comme terroriste. Cette attitude est aussi celle de Reuters, d'Associated press, de la BBC... mais aussi d'ONG comme Amnesty international...
Ce refus d'utiliser la qualification de terroriste n'est donc pas l'apanage d'une certaine gauche. Il est plus correct de dire que c'est celle de ceux qui ont choisi de se baser sur le droit international.
Heureusement, dans les débats que je suis, on ne somme personne de répondre à cette question. En fait, les questions importantes sont totalement ailleurs. Quand on laisse aux gens le temps de présenter leur position, de détailler leurs explications, d'aligner leurs arguments, on prend très vite plus de hauteur et la question de la qualification terroriste n'apparaît jamais comme essentielle.
Le problème des actes du Hamas du 7 octobre n'est pas qu'ils sont terroristes. Cela fait des années que des actes terroristes sont commis sur le territoire israélien (bombes dans les bus et aux arrêts de bus, entre autres). On n'avait jamais été enlisé dans des débats à ce propos. Ici, ce qui est en question, c'est quelque chose qui dépasse de loin cette question (s'en prendre à des enfants, à des femmes, utiliser le viol comme arme de guerre

...). On est là dans des crimes contre l'humanité caractérisés.
Pourquoi alors vouloir à tout prix imposer comme préalable à quoi que ce soit de qualifier les crimes du 7 octobre comme terroristes ? Je fais partie de ceux qui pensent que cette question/injonction nous en dit bien plus sur ceux qui la posent que sur ceux qui refusent de s'y plier.