Michael Franken & Matthias Sintzen
Publié le 01-12-2023 à 10h59
Au RFC Liège, les Tribunes sont souvent quand combles.
Sportivement, cinq points séparent Liège et « Seraing » avant le derby
Dans les tribunes, la différence entre les deux entités liégeoises est encore plus importante. Abyssale même. Un chiffre l’atteste : 3 200 supporters se déplacent à Rocourt lors de chaque match à domicile, contre un petit peu moins de 900 au Pairay. Un comble quand on sait que la capacité du stade sérésien est pratiquement deux fois supérieure à celle de Liège. “De notre côté, les chiffres sont similaires à ceux enregistrés la saison dernière, en Nationale 1. Nos fans sont fidèles, ce qui fait notre force, même si la diffusion télévisée nous fait sans doute perdre un peu de public, notamment lorsque la météo est maussade”, explique-t-on au RFCL.
Liège a quatre fois plus d’abonnés que « Seraing »
Seraing ne peut pas compter sur un tel soutien populaire, sans que cela ne constitue une surprise. Entre le rachat d’un matricule, les changements incessants au sein de la direction et l’arrivée de joueurs étrangers, les supporters sérésiens n’ont jamais eu l’opportunité de s’identifier à cette équipe. Le stade, propriété de la ville, ne répond également plus aux critères de confort du football moderne. “La saison dernière, l’épouse de notre ancien directeur sportif Carlos Freitas était invitée parmi les VIP. Elle était habituée à se rendre à Porto et à Benfica et avait donc revêtu une belle tenue blanche. Après s’être assise sur le banc de la tribune d’honneur, sa robe était plus noire que blanche…”, dit-on au sein du club noir et rouge.
En moyenne, 3 200 se déplacent à Rocourt, contre seulement 900 à « Seraing »...
Pour autant, copier-coller la stratégie de Liège ne serait pas gage de réussite pour « Seraing ». Certes, les Sang et Marine comptent sur un noyau stable, composé en grande partie de Liégeois, mais ils peuvent surtout composer avec une vieille garde restée fidèle malgré les nombreux problèmes sportifs et financiers rencontrés au cours des dernières décennies. En parallèle, le club a essayé de rajeunir son assistance et commence à en récolter les fruits, notamment dans la tribune située derrière le but. “Des liens se tissent et se transmettent de génération en génération depuis 125 ans”, raconte-t-on à Liège.
Un son de cloche confirmé à « Seraing ». “Liège est un club emblématique. Nous, nous subissons la concurrence du Standard car nous avons vu de nombreux joueurs et supporters migrer vers Sclessin lorsque notre club a rencontré des difficultés.”
73 tickets vendus contre le Beerschot
Entrons encore un peu plus dans le détail de la comparaison chiffrée. Liège compte sur un réservoir de plus ou moins 1 200 abonnés alors qu’ils sont un petit plus de 300 à « Seraing ». Malgré tout, la direction liégeoise se veut ambitieuse et aimerait remplir les 950 places restantes. “Ce sont les entrées payantes qui aident à faire vivre le club mais nous sommes plutôt satisfaits de l’engouement, nous n’allons pas faire les difficiles.”
Une modestie plus que bienvenue car « Seraing » ne parvient pas à remplir ses travées, malgré les nombreuses actions commerciales entreprises depuis plusieurs années. Les jeunes de l’Académie, la Ville et les sponsors reçoivent des places gratuites, sans pour autant que cela permette de gonfler l’assistance.
Les joueurs ne peuvent donc pas compter sur l’appui d’un douzième homme capable de faire chavirer une rencontre. Il y a trois semaines, la réception du Beerschot avait permis de remplir un petit peu plus les gradins avec un chiffre officiel de 1 159 supporters. Mais, en enlevant les abonnés, les sponsors et invités ainsi que les fans du club anversois, seuls… 73 tickets avaient été vendus pour accueillir le leader de la compétition. “Nous avons déjà essayé de mettre en place différentes actions sans que cela ne porte ses fruits. Un exemple ? Les fans pouvaient acheter deux places pour dix euros mais les répercussions ont été assez maigres. Cent ou deux cents supporters supplémentaires sont peut-être venus, tout au plus…”
Les fans de « Seraing » attristés mais motivés
Les résultats de « Seraing » ne sont pas des meilleurs depuis plusieurs (longs) mois maintenant et l’avenir semble s’écrire en pointillés, avec des points d’interrogation. Et pourtant, les quelques fervents fans sont toujours là et tentent de s’accrocher tant bien que mal. C’est notamment le cas de Stéphane Wolteche, vice-président du RFC « Seraing » Fan Club, et de son fils. “Je suis le club depuis 30 ou 40 ans. Quand on ne connaît pas l’histoire, on se sent frustré et triste. Mais quand on l’analyse un peu, on comprend mieux ce qu’il se passe aujourd’hui. Seraing n’a pas gagné grand-chose dans son histoire et il a perdu sa ferveur d’antan. Quand je vois la tribune vide à la télévision, c’est loin d’être réjouissant”, explique-t-il.
Alors qu’au RFC Liège, cette ferveur est encore bien présente et contribue grandement au succès. “Le matricule est une sorte de fonds de commerce. Nous, nous l’avons perdu après plusieurs fusions. Et puis, l’absorption par le Standard dans les années 1990 fait mal.”
Et puis, à « Seraing », il manque ce côté local, sérésien, qui pourrait aider le club à avoir un ancrage, une identité. “À Liège, les joueurs se battent pour un maillot, c’est une famille, avec des Liégeois dans le staff et la direction. Chez nous, il y a Metz derrière, ce qui prive certains jeunes qui ne viennent pas de là ou de Génération Foot d’avoir leur chance. Mais bon, sans eux, notre club ne serait peut-être plus là, et nous en sommes conscients.”
Pourtant, les quelques fans seront présents à Liège et la tribune visiteurs (250 places) devrait être remplie. “Il n’y aura pas de combi-car. En plus, nous organisons une Saint-Nicolas avant le départ pour le stade pour les supporters. Ce sera une belle journée pour vivre le « vrai » derby liégeois
https://www.dhnet.be/sports/football/di ... O5JUHQ2ELI