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par jps » 26 avr. 2020, 14:01
la D1 B c'est Tchernobyl:il faut l'enterrer
Contribution externe
Publié le 26-04-2020 à 10h03 - Mis à jour le 26-04-2020 à 10h03
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Une opinion signée Jesse De Preter, agent de joueurs et d’entraîneurs. Il conseille notamment Roberto Martinez.
C’est la crise dans le football belge, où l’air est devenu étouffant. Sauf que nous avons une crise de retard, par rapport au reste du monde. Depuis le 8 avril, ici, c’est la crise des licences. 30 clubs belges, dont 24 clubs pros actuellement, ont introduit une demande de licence professionnelle. La Commission des licences en a refusé 11. Un tsunami dans le monde du football belge. Le nombre d’emplois menacés est gigantesque. Une boucherie comme nous n’en avions jamais vue. Et tout ça avant même que n’explose la bombe du coronavirus.
Comment va réagir le football pro ? Une dizaine de scénarios a fuité, nous donnant un aperçu de la manière dont la Pro League va gérer la crise. Presque tous ces scénarios rappellent un amant rejeté, essayant de s’accrocher obstinément à une relation vouée à l’échec… La plupart des clubs sont favorables à conserver la D1A et la D1B, quitte à remplir les cases vides avec des équipes U21.
Cela n’a aucun sens. Cela divisera encore davantage les clubs, plutôt que de les réunir. Pour résoudre une crise, on ne s’accroche pas à de vieilles recettes. Quand une bombe explose, on regarde d’abord quels bâtiments sont restés debout, avant de reconstruire les autres… en les reconstruisant mieux.
Rassembler les 17 clubs en une seule compétition
Que faire, alors ? Pour commencer, il faut enterrer le concept de D1B tel un déchet radioactif. Ce championnat, c’est Tchernobyl. C’est à la fois incompréhensible et irresponsable que l’on envisage de maintenir en vie une compétition à ce point amputée. La D1B était déjà un champ de bataille depuis plusieurs années. Mais, là, on a battu des records : la moitié des clubs n’a plus de licence ! Jetez cette formule !
Pour le moment, dix-sept clubs ont leur licence pour la D1A et deux clubs pour la D1B (le RWDM et Deinze). Rassemblez déjà les 17 clubs de D1A dans une seule compétition. N’attendez pas le 10 mai, quand les verdicts de la CBAS seront connus. Comme ça, les dirigeants de clubs pourront déjà commencer à travailler. Nous faisons face à une énorme crise économique. L’instabilité actuelle peut être fatale à n’importe quelle PME, mais aussi à un club de football.
J’entends déjà les critiques arriver. "Mais alors, quid de la CBAS ? Imaginons que les sept clubs recalés y obtiennent leur licence et nous aurons une compétition à 24 clubs. Impensable !"
Cet argument est un non-sens. Si ce scénario devait se produire, il serait la preuve d’un système défaillant. La Commission des Licences ou la CBAS pourraient, alors, donner leur démission sur-le-champ… Mais si on lit avec attention le rapport de la Commission des Licences, on sait que cela n’arrivera pas : il est exclu que les appels des sept clubs soient tous fondés. Les faits sont trop sérieux. Les puits trop profonds.
Des U21 en D1B : on flirte avec la falsification
Au final, le 10 mai, il y aura donc en Pro League moins de clubs qu’aujourd’hui. Le gâteau des droits TV devra être coupé en moins de parts. Une bonne chose pour ceux qui restent. Mais d’autres nuages noirs, ceux du Covid-19, vont vite assombrir l’horizon. Selon des rapports anglais et allemands, des premiers clubs pros vont connaître des problèmes de paiement dès la deuxième quinzaine du mois de mai. L’incertitude autour du business du football pourrait durer plusieurs mois. Cela provoquera des faillites.
Certains clubs peinent déjà à garder la tête hors de l’eau : combien de temps survivront-ils encore au cimetière de la D1B ? Cela engendrerait, dès 2020, des défauts de paiements, des joueurs privés de contrat et des dégâts économiques importants. L’impact du Coronavirus sera plus aisément absorbé par une compétition unique. Et ne parlons même pas de l’idée de faire jouer des équipes U21 en D1B : on flirte là avec les limites de la falsification de compétition. Vu la crise, les noyaux des clubs vont être réduits. Est-ce sérieux d’aller demander à ces clubs d’aligner deux équipes dans deux championnats ?
Sans playoffs, un calendrier moins chargé
Gérer une crise, c’est aussi limiter les dégâts. Il y a trop de clubs pros en Belgique. Regrouper tous les clubs en D1A n’est, à court terme, pas le choix le plus confortable. Car cela va à l’encontre de ce que veulent beaucoup de dirigeants : une compétition plus petite. Mais, avec cette formule, c’est ce qui surviendra, à moyen terme.
Voilà encore un autre avantage d’une fusion vers une seule compétition professionnelle : sans les playoffs, le calendrier serait moins chargé. Ce serait opportun, avec l’Euro 2021 programmé en fin de saison prochaine.
Dans cette formule, n’y aurait-il donc pas de perdants ? Le RWDM et Deinze ne seraient probablement pas heureux. Ils ont obtenu une licence pour la D1B et voilà qu’elle n’existerait plus ! Mais le risque de voir la D1B disparaître d’elle-même dès septembre est trop grand. À moins que vous ne vouliez voir Tchernobyl endommager encore un peu plus le foot belge…
jps Le "Liègionnaire""Buvez du Lait"